Les Démineurs 2025

Le 17 et 18 octobre 2025 était organisé par l'équipe Caminade une épreuve de Gravel par points (en autonomie et sans assistance) autour de la mythique montagne des Pyrénées Orientales: le Canigou. Ancienne région minière, cette montagne sacrée regorge de trésors d'histoire dans des lieux aussi beaux que difficiles d'accès. L'idée est donc de jouer au "démineur" afin de récolter le plus de "pépite" (les points) possible. 6 pépites d'or obligatoires et 6 pépites d'argent facultatives.

Un seul moyen de transport

Habitant à côté de Montpellier, je décide d'utiliser un seul moyen de transport pour me rendre et repartir de l'épreuve, à savoir: mon vélo.

Le départ étant donné le vendredi à minuit, le trajet allé sera coupé en deux. Un premier trajet le jeudi pour rejoindre la magnifique région des Corbières où une partie de ma famille réside et le second sera effectué le vendredi matin pour rallier Ille-sur-Têt.

À travers vignes et garrigues

Le petit périple débute par une étape à travers l'Hérault et l'Aude.

Rien de bien compliqué. Un mélange de petites routes au revêtemment précaire et de belles pistes DFCI sous un beau ciel bleu.

Paysage de désolation

Pour rejoindre Ille-sur-Têt le vendredi matin, j'emprunte la route qui serpente à travers les corbières jusqu'à Tuchan. Ces lieux ont été le théatre de l'effroyable feu de forêt du 5 août 2025 ayant parcouru 17 000 hectares. Je ne peux que constater l'ampleur du désastre et m'empêcher de penser qu'il s'agit là des prémisses d'un futur bien sombre pour cette région.

Malgré des sentiments de tristesse et de colère (fasse à l'inaction de notre cher président), je suis quand même content de parcourir ces routes sur lesquelles je me suis entraîné quand j'habitais encore la région.

La Fabrica

Arrivé vers 14h30 à Ille-sur-Têt, je me rends à la boulangerie pour me ravitailler et ensuite direction le QG de Caminade: La Fabrica. Ce lieu est à lui seul un symbole de la ville. Ancien théâtre, il est vecteur du lien social entre les différents acteurs locaux (producteurs, artisanat, etc...).

Intérieur de la Fabrica
Mézzanine de la Fabrica
Atelier Caminade

Au fur et à mesure que les heures passent les participants arrivent. Ça discute vélo, traces et souvenirs des anciens évènements VTT de la région comme la Transbiking 66 (les vrais savent) ou encore la résurrection de la Garoutade. Après un délicieux repas (compris dans l'inscription), concocté par Hélène, on se pose un petit peu avant le départ.

Une courte nuit

Minuit, les "démineurs" sont lâchés sous un ciel parfaitement dégagé offrant une vue incroyable sur les étoiles. Malgré que la trace ne soit pas imposée par l'organisation, nous avons pour consigne de ne pas prendre la route pour rejoindre la première pépite ni de redescendre sur la départementale au niveau de la deuxième pépite.

Ma trace n'est donc pas bonne pour le début de l'épreuve. Je décide donc de suivre les participants sur la première section gravel du parcours. Après un départ assez rapide, je tombe sur les personnes avec lesquelles j'avais discuté dans la journée: Thibaut et Paul. Après deux heures de roulage, on arrive sur la montée en direction de Taurinya (accompagnés par Bertrand et Elise). Le portage est assez piquant mais visiblement nous nous étions trompés dans la trace car il y avait une section moins dense me confia Brice à l'arrivée. Bref...

Arrivé à Vernet vers 3h du matin, je prends conscience que mon équipement pour lutter contre le froid n'est pas au top. Je suis gelé depuis la descente de la deuxième pépite. Grosse erreur de ma part car je n'avais pas mis de base layer et mon jersey a pris toute la transpiration. Je voulais aller chercher la pépite située à Escaro mais je me ravise préférant tacler au plus vite le chantier de 28km qui nous attend pour atteindre la Collada de Roques Blanques située à 2300m.

Nous partons à deux avec Thibaut (gros rouleur) direction le col de Mantet. Le début est plutôt calme et on discute jusqu'au village de Py où le remplissage des bidons est obligatoire car il n'y aura plus de possibilité jusqu'à Prats-de-Mollo. J'ai à peine eu le temps de remplir les bidons et de manger un sandwich que je suis déjà gelé. Il est 4h du matin et on vient de passer Py. À partir de là, ça discute beaucoup moins à cause des pourcentages plus corcés que nous offre ce col. Nous arrivons à 5h en haut du col (1700m) pour attaquer la section gravel jusqu'à Roques Blanques. Je rajoute des couches pour essayer d'avoir moins froid mais le mal est fait, j'aurais froid jusqu'à Prats-de-Mollo.

La section gravel est longue de 14km et d'après les dires des locaux "assez roulante". Visiblement, nous n'avions pas la même définition du mot "roulant" 😂 La piste, d'une bonne largeur, est littéralement jonchée de pierres et de roches qui feraient passer les pavés de Roubaix pour une section lisse... Quel enfer !

Après avoir croisé sangliers et vaches, nous nous faisions avec Thibaut la réflexion suivante: "Si on a un problème mécanique à cet instant, on est dans la merde". En effet, nous avions les mains gelées tous les deux et les arrêts doivent être les plus courts possible sous peine d'avoir encore plus froid.

Sommet de Roques Blanques

Après 3h20 d'effort depuis Sahorre, nous atteignons le sommet de Roques Blanques. Nous attaquons la descente et aperçevons les premières lueurs du soleil.

Les premières lueurs du soleil

Du gravel de montagne

Si on suit l'échelle des locaux, la descente ici n'est "pas roulante" 😂. Au moins à la montée, les pierres et autres rochers étaient stables. Nous avons été secoués pendant 5km, ce qui nous a presque fait regretter la montée. Les gravels sont quand même des vélos assez polyvalents même si dans cette situation un petit VTT ne m'aurait pas du tout dérangé.

On retrouve ensuite une petite route avec une infinité de "nid de poule" qui nous amène sur la route en direction de Prats-de-Mollo. Pour le coup, la descente sur la route est incroyable et le revêtement d'une qualité exceptionnelle.

Le thé salvateur

Il est 8h et nous trouvons rapidement un bar qui nous délivre du froid grâce à une grande tasse de thé ! Après cette petite pause, bien méritée, les sensations reviennent et le moral aussi car le corps à moins froid.

Chaleur !

Nous décidons d'aller chercher les deux pépites situées au dessus du village de Montbolo pour une ascension de 16km et 1200m de D+. Des entrées maritimes nous empêchent d'aprécier les paysages à leur juste valeur mais la piste est assez sympathique.

Ancienne voie ferrée minière

Arrivés au sommet, nous découvrons un ciel dégagé et pouvons enfin profiter des paysages offerts par cette montagne sacrée qui a revêtu son habit d'automne.

La montagne sacrée

Nous prenons la direction de La Bastide pour prendre une piste incroyable afin de rejoindre Boule-d'Amont et ensuite Bouleternère. Arrivés à 12h30 à Ille sur têt, nous profitons d'être dans les premiers pour aller directement à la douche et enfiler des vêtements propres.

Après encore un excellent repas (compris dans l'inscription), en compagnie de Ricardo (faiseur de mes sacoches de vélo) que je ne manquerai pas d'aller saluer à Mirepoix tant la personne est adorable, nous avons la chance avec Paul de loger dans le futur gîte de Brice et Hélène. Encore un énorme merci, c'était parfait !

Des repas de qualité

Le retour

Le réveil sonne à 6h après une excellente nuit. Paul m'accompagne jusqu'à Perpignan où il prendra le train pour rentrer chez lui. Je décide de rentrer par la côte Méditerranéenne, après être passé dans les terres à l'allé, histoire de faire une boucle et d'avoir une journée un peu plus cool.

Le vent se lève à partir de Narbonne et je suis contraint de faire le tour des étangs en raison d'une battue au niveau de l'île Sainte-Lucie. En traversant les villes de Narbonne, Adge, Sète et autres villages, je constate à quel point le manque d'infrastructures cyclables est criant. Toutefois, la meilleure traversée a été celle de Balaruc où une voie verte (surement une ancienne ligne de chemin de fer) traverse la ville.

Une belle expérience

Je m'étais initiallement inscrit pour me tester sur un trip mi-long au mois d'automne et aussi pour faire un départ de nuit chose que je n'avais jamais fait. L'objectif est concluant et je ressorts avec un peu plus d'expérience. Il reste cependant à mieux gérer l'alimentation (comme d'habitude) et surtout les habits 🥶!

Encore un grand merci à l'ensemble des personnes impliquées dans l'organisation de cet évènement. Il apparaît déjà comme un futur rendez-vous annuel incontournable pour les amoureux de gravel.

Publié: 2025-10-27

Tagged: sport bike